L'Escaut en Septembre.

Après la spectaculaire percée des forces alliées en Normandie à la fin d'août 1944, libérant la France du joug allemand, la ville portuaire d'Anvers, en Belgique, fut prise le 4 septembre.

À ce moment, Anvers était aux mains des Alliés, mais ne pouvait servir de port pour réapprovisionner les armées qui avançaient puisque les Allemands tenaient les approches du port sur les deux rives de l'Escaut.

En septembre 1944, les armées alliées, progressant depuis la France et la Belgique, avaient atteint la frontière méridionale des Pays-Bas, alors sous occupation allemande. La première tentative de pénétrer aux Pays-Bas, réalisé par la Première Armée alliée aéroportée à Arnhem, échoua puisqu'elle fut presque entièrement détruite par une forte réplique allemande. En automne, la 3e Division d'infanterie canadienne nettoya la rive Sud, tandis que la 2e Division d'infanterie canadienne luttait le long de la rive Nord.

Mais le coût fut élevé. Les Allemands percèrent les digues pour laisser l'eau de mer inonder les basses terres, ce qui força les attaquants à suivre d'étroites routes balayées par des tirs au sommet des digues ou de tenter des assauts amphibies. Les batailles de l'Escaut coûtèrent à la Première Armée canadienne 6 367 hommes, surtout parmi les fantassins épuisés et constamment trempés.

 

La bataille de l'Escaut

La tâche de libérer l'estuaire de la rivière Escaut fut confiée à la Première armée canadienne, placée sous le commandement du lieutenant général Guy Simonds qui remplaçait le général Crerar. Ce dernier avait dû retourner en Angleterre étant souffrant.

La position géographique de la région et la nature du terrain constituent des défis de taille pour la Première armée canadienne. Au nord de l'estuaire se trouve le Beveland-Sud. Au-delà du Beveland-Sud se trouve l'île de Walcheren qui avait été transformée en puissante forteresse allemande. Puisque la rive sud de l'estuaire, composée entièrement de terres basses, se trouve au-dessous du niveau de la mer, il s'agissait d'un endroit idéal pour établir une ligne de défense.

Le 21 septembre, les divisions blindées de la Première armée canadienne reçurent l'ordre de monter vers le nord en suivant à peu près le canal de Gand-Terneuzen. La 4e Division blindée canadienne fut alors chargée de dégager le secteur de gauche jusqu'à la « poche » de Breskens, région de la rive sud de l'Escaut entourant la ville hollandaise de Breskens, tandis que la 1re Division blindée polonaise se dirigeait vers la frontière hollando-belge plus à l'est et le secteur crucial au nord d'Anvers.

Partie de la tête de pont qu'elle avait conquise de haute lutte à Moerbrugge, sur le canal de Gand, la 4e Division blindée canadienne fut la première des troupes alliées à se trouver devant le formidable obstacle que présentaient deux canaux parallèles, soit le canal Léopold et le canal de dérivation de la Lys. Une attaque fut déclenchée près de Moerkerke. Les troupes réussirent à traverser les canaux et à établir une tête de pont, mais durent se replier suite aux féroces contre-attaques de l'ennemi qui lui coûtèrent de lourdes pertes.

Plus à l'est, la 1re Division blindée polonaise connut plus de succès dans son avancée vers le nord-est, à partir de Gand. Malgré le terrain peu favorable au passage des blindés ainsi que la résistance accrue de l'ennemi, elle réussit, le 20 septembre, à atteindre la côte, à occuper Terneuzen et à dégager la rive sud de l'Escaut entre ce point et Anvers, à l'est.

Malgré ce succès, deux sombres constatations se dégagèrent : d'une part, gagner le terrain ennemi dans ce secteur de l'Escaut coûterait très cher et, d'autre part, la « poche » de Breskens était entièrement et âprement défendue par l'ennemi tout autour de la côte depuis Zeebrugge jusqu'à l'anse Braakman, et vers l'intérieur le long du canal Léopold.